dimanche 10 juin 2012

"Le Grand Soir", un film... Improbable

Bon déjà si on est pas amateur du style Dupontel, faut oublier.
Moi jsuis fan ! Sauf de Bernie, trop trash pour l’âme sensible que je suis ! Promis, quand je serai grande, je le regarderai en entier ! 
Bref, ce soir, avec des amis, on est donc allé voir "Le Grand Soir".

"-Pourquoi tu nous avais pas prévenu que ça serait si dur papa?
Comment on fait?
- Faut continuer les garçons, faut continuer..."
(dialogue retranscrit de mémoire...)


En gros, sans spoïler (jamais !), Poelvoorde joue le rôle d'un punck à chien (j'aime pas cette expression) dont le frère (joué par Dupontel) voit sa vie partir en lambeaux (pu de femme, pu de boulot...). 
Qu'attendre d'un film de l'équipe du Groland avec un casting pareil?
Bah exactement ce qu'ils ont fait. Un film Improbable, Drôle, Osé, Dénonciateur...
On y aborde, le joug de la société de consommation au détriment de valeurs primordiales : liberté, fraternité... et égalité?
On saupoudre le tout de guests bien barrés : Brigitte Fontaine en maman des deux zigotos, apparition de Yolande des Deschiens, zik des Wampas / Bashung / Brigitte Fontaine... 

Je pense qu'au delà des talents mis en présence, le film m'a plu parce qu'il arrivait à mettre des images, des dialogues sur ce qui me pose problème dans cette société. Il n'y a donc pas que moi qui ressens ce dégout?
Jpense parfois être un peu anarchiste dans ma tête. Dans le sens où mes valeurs sont plus strictes (j'aime pas ce mot) que les lois existantes, je suis une anar un peu à part... 
Je tâche de vivre selon mes valeurs, respect mutuel de l'autre et du monde. 
Je prône la décroissance, ma décroissance. J'évite simplement de jouer le jeu de la société de consommation. Je ne vis pas en radine recluse non plus. Pour sa santé mentale, il est nécessaire de s'octroyer quelques plaisirs dans cette vie. Les miens consistent à passer du temps avec les autres (des gens que j'apprécie de préférence) et/ou observer la nature, le monde qui m'entoure.
Je me creuse souvent la tête pour trouver des activités rigolote ne nécessitant pas nécessairement une dépense d'argent... Et je suis souvent frustrée... Je sais que je peux m'occuper et me faire plaisir avec 3 fois rien, mais ça n'est pas le cas de tout le monde. Et comme je vis en partie pour satisfaire aux plaisirs de mes amis... "On n'est pas sorti de la berge" comme dirait l'autre :p

T'as tout? 2bis/4

Compte-rendu du petit sondage envoyé aux amigos...

"Salut à tous !
Tout d’abord j’avoue que j’ai été plus qu’agréablement surprise de voir que tant de monde avait pris le temps de me répondre par écrit ou oralement.
Alors vous, les VIP destinataires de ce message, vous qui avez eu la gentillesse de répondre à mes interrogations, jvous fais ici un tit compte rendu 1) de vos réponses et 2) (pour les nombreux petits curieux) du pourquoi jme pose toutes ces questions.

- Cher tatoués : j’ai lu dans vos écris exactement les même raisons pour lesquelles j’ai franchi le cap la première fois. Une manière de dévoiler une partie de soi : « cryptée » ou non. Certes visible des autres (intime ou non) mais avant tout pour soi.

Notons aussi qu’absolument aucun d’entre vous n’a mentionné un quelconque regret.
- Cher non-tatoués, vous vous divisez en deux catégories : ceux que cela tente et ceux que ça n’intéresse pas (je remercie particulièrement ces derniers d’avoir pris part au «débat »).


J’ai pu constater qu’il y a tout de même beaucoup/beaucoup de monde que cela tente.

Les personnes interrogées étant relativement toutes comprises dans la même tranche d’âge, rien de vraiment étonnant.
Je citerai ici une personne sage : « Et si l’anti-conformisme de nos jours ça n’était plus le tatouage mais l’absence de tatouage (ou autre body-art) ? »
Et une personne observatrice : « L’été dernier sur la plage avec un pote on s’est demandé si on n’allait pas se faire tatouer, on se sentait un peu à part ».
Peut-on parler d’effet de mode du tatouage ? Ou les choses en seront-elles dans 30 ans ? Est-ce que s’il l’a peut être été à une époque, le tatouage peut toujours être considéré comme « anti-conformiste » ? Une chose est sûre je ne serais pas la seule mamie tatouée !

Les personnes intéressées serait à priori surtout retenue par le coté indélébile de la chose. Comment être sûr de ne pas regretter ? Comment le tatouage vieilli ? Pour ces dames, la grossesse est évidement une étape de la vie à prendre en compte (mais attention au bidon des 40 ans messieurs les consommateurs de bières…)

Là je citerai une personne qui à mon avis à mis le doigt sur une possible explication : « J’attends une occasion sérieuse car c’est pour moi un moyen d’expression et pour l’instant je n’ai rien à dire qui mériterais de marquer mon corps à vie. »
Comme dit précédemment, le tatouage, au delà de l’esthétique serait avant tout une façon de se dévoiler via un symbole représentant une philosophie de la vie, un souvenir marquant etc…
Pour ma part il a fallu un « déclic » pour passer à l’action alors que j’y pensais depuis bien 6-10 ans.
J’en arrive donc à mon deuxième point : pourquoi toutes ces interrogations de ma part, surtout que comme on me l’a fait remarqué j’ai déjà un tatouage ?

Il y a bien un an et demi maintenant que je psychote sur « l’utilité de la vie » avec tout ce que ça peut contenir et un « qui suis-je ? » bien frappé…

J’ai compris, (un peu à postériori), que le déclic de mon 1er tatouage était une sorte d’acte d’anti-conformisme à une période où j’ai commencé à avoir un regard beaucoup plus (trop ?) critique sur notre société. Il fut une époque je comptais les « prototypes » de la gonzesse passe-partout dans la rue : 20-30 ans, 1,60m environ, jeans slim (taille 36-38 forcément !), veste courte, sac à main sur le bras, maquillage (noir) forcé, cheveux mi-long et l’indispensable mèche de Justin…
(Je vous fais aussi grâce du prototype de mec… Pas plus glorieux.)
Ici je m’attarde sur le côté apparences. Mais ça touche tout. On nous impose (par bourrage de crâne) une uniformité de pensée.

Je ne me leurre pas, la loi de « l’être et du paraitre » sévie dès qu’il existe un semblant d’ordre social. (Madame Prout, courtisane de son état, a décrété que les robes violettes à poids oranges et rayures vertes étaient du dernier cri parce que la reine aime les pèches et les courgettes. Et vlan, teinturiers et couturières font fortunes sur une association de couleurs aussi improbable - oserai-je dire bigarrée ?)


Au-delà du symbolisme associé au dessin, mon 1er tatouage (pour y revenir) c’était une façon de dire : « Société, j’accepte ton jeu, j’y suis obligée, mais ne fais pas l’erreur de croire que je suis un mouton… » Je citerai ici quelqu’un que je déteste : « Vous n’aurez pas ma liberté de penser… » (à évidement sortir du contexte fiscal :p).

Que penser alors des « gourduches » (jugement personnel) qui copient le dernier tatouage de Rihyana ou Alissa Milano ?
Que penser du fait que « notre génération » est tatouée ou du moins aurait envie de l’être dans sa majorité ? Est-ce pour tous ces gens c’est une façon de dire : « Je ne suis pas un mouton » ? Que penser du fait que le body art serait alors un recours pour sortir du moule ? Comment lutter contre ce moule autrement tout en restant socialement « adapté » ?

Bref, c’était quoi la question déjà ? « Pourquoi jme pose toutes ces questions sur le tatouage ».

Je ne sais pas si tout ça y répond…
Symboliquement mon premier tattoo est une sorte de pense-bête pour quand je m’égare dans des pensées irraisonnables (et ça m’arrive souvent).
Si pour moi (d’après ce que j’en sais aujourd’hui) le tatouage est une fissure (certes mais une jolie fissure) dans mon masque social, en quoi un 2ieme tatouage plus gros ? plus visible ? m’aiderait à hurler plus fort mon authenticité ?
Peut être que le premier est trop petit ? trop caché ? trop mignon ? (les 3 !) pour être compris par autrui comme une fissure plutôt que comme un simple tattoo bijou.
Ce deuxième devrait non plus être un pense-bête mais le tracé d’un parcours voué à un éternel recommencement. A la base, je le voulais sur le poignet droit. Le poignet qui dit « Bonjour ». Le poignet qui présente le personnage… Mais j’étais en pleine crise de misanthropie aussi... Depuis j’ai changé d’avis (en partie à cause des futurs entretiens post-doc).
Ce deuxième sera donc ailleurs, caché mais un pour le coup un poil plus gros… Et si le fait de le retrancher à une partie plus « privée » signifiait qu’en fin de compte je me fiche du regard de cet autrui détesté de la misanthrope que je suis ? Retour à l’éternelle question : pourquoi donner tant d’importance à l’image que l’on veut envoyer aux autres ? Pourquoi ne pas s’en foutre d’être prise pour un mouton si nous on sait qu’on en est pas un ? N’existe-on pas sous le regard des autres ?

Ptet que je prends doucement mais surement la voie du mec qui s’est fait tatoué une peau de léopard sur tout le corps pour vivre tout nu dans la forêt…

http://www.damncoolpictures.com/2007/08/top-10-physically-modified-people-in.html

RDV dans 10 ans ! (« … même jour même heure même port… » dsl)

Vos réactions sont tjrs les bienvenues

++
J.G."

samedi 2 juin 2012

T'as tout? 2/4

Alors voilà, j'ai envie d'un deuxième tatouage...
Mais y a un truc qui me titille. 
Ça me grattouille et ça me chatouille les méninges !
Du coup comme souvent j'ai pris ma plume virtuelle et j'ai couché les idées sur l'écran.
Ça s'est fini en mail de sondage aux copains Facebook (histoire de taper large et loin.) !

"Salut à tous, non ceci n'est pas une chaine.
Certains n'ont pas eu de mes nouvelles depuis un bail, j'en profite pour vous passer un tit coucou en espérant que tout roule pour vous. Alors pourquoi je vous embête avec un aussi grand mail alors que vous êtes bien tranquillou au boulot à trainer sur FB?

Et bien je cogite à me faire faire un deuxième tatouage et je cogite au pourquoi du comment de cette envie. En furetant sur le net jsuis tombée sur la "sociologie du corps" et j'avoue que j'ai envie de creuser l'histoire !

Vous trouverez :

soit le sujet intéressant et poursuivrez votre lecture,
soit vous avez mieux à faire et passerez ce mail aux oubliettes,
soit vous me trouverez débile...
soit vous n’êtes même pas arrivé jusque là...
Tant mieux et tant pis, et c'est pour ça que je m'adresse au plus grand nombre de mes amis FB susceptibles d'être intéressés.

Qu'en est-il de l'utilité primitive des tatouages?

Tout d'abord un rapide historique...
La plus vieille trace de tatouage daterait de 3500 av JC. Depuis des restes tatoués ont été retrouvés dans toutes les parties du monde. Au IIIième siècle, les Bretons arboraient des animaux totems sur leur poitrine et ne se vétissaient pas afin de les exhiber. Un écrit de 700 et des bananes, décrit 2 types de tatouages : ceux pour les illustres et ceux pour les bandits. Au VIIIième siècle, toutes les religions occidentales s'y mettent pour bannir ce rituel dit barbare. Ce n'est que les grandes vagues de colonisation qui font redécouvrir le tatouage aux européens.
Alors je me permet de requérir votre aide avec un tit sondage dont les réponses resteront privées si vous m'envoyez un mail. 
 
Êtes-vous tatoué?
- Si oui : 
Combien de fois? Envisagez-vous de vous faire tatouer à nouveau?
Que signifie pour vous le fait de vous être fait tatouer? (esthétique personnelle, appartenance à un groupe, ...)
- Si non : 
Avez-vous déjà eu envie de vous faire tatouer? Si oui, qu’est ce qui vous retient ?
Que pensez-vous des tatouages?
Que pensez-vous des personnes tatouées?
Selon vous, un tatouage doit-il être discret et personnel ou au contraire être présenté aux yeux de tous?
Que pensez-vous d'un tatouage qui couvre une grande partie du corps contrairement à un petit symbole?

Voila c'est les questions qui me sont venues à l'esprit histoire de lancer la discussion.

N’hésitez pas à disserter et/ou à me proposer d'autres questions à soulever !
Merci par avance pour votre aide.

Amicalement votre !
J.G."

Étonnement j'ai eu un max de réponse, écrites ou orales, privées ou pas... Le sujet a fait débat pour mon plus grand plaisir.
Et au final tout ça blabla et le temps qu'il a pris m'ont permis de mieux comprendre mon envie et de la "maturer"...
J'ai donc pu ensuite tout à loisir écrire le tit compte-rendu (cf. post T'as tout? 2bis/4)

dimanche 27 mai 2012

La divination pour les nuls

J'ai beau être rationnelle, scientifique, tout ça tout ça...
J'ai une partie de moi qui croit un peu aux trucs magiques (pas ceux genre Silvain Mirouf hein!).

Par exemple à 27 ans, il m'arrive (ptet 2-3 fois par an) de me tirer les cartes.
Je parle pas des tarots avec des interprétations compliquées, juste avec un bête jeu de 54 cartes.

Jle prends, jle brasse, et jle coupe en demandant : "Est ce que ce jeu ment?" 
Si je tombe sur une rouge, la réponse est oui, alors je rebrasse jusqu'à obtenir une noire (= le jeu ne ment pas). Je place la moitié du jeu en dessous de la pile et alors, je commence à poser des questions.

Facile et associées à un future proche au début puis de plus en plus compliquées. 
(Évidement, plus la question porte sur un temps lointain, plus le risque d'erreur est grand.)
Est ce que je vais voir Mr l'homme parfait Lundi soir? Oui
Est ce que Mr l'homme parfait m'aime un peu? Oui
Est ce que Mr l'homme parfait m'aime beaucoup? Oui
Est ce que je vais me marier avec Mr l'homme parfait? Oui
Est ce qu'on aura des enfants? Non
Est ce qu'on aura un enfant? Oui
Est ce que ça sera une fille? Non
...
Trop de bonheur, jme suis arrêtée là...

Mais qui est Mr l'homme parfait? Eh bien je vous l'avais caché, mais une des raisons pour lesquelles ça va mieux en ce moment c'est Mr l'homme parfait.
Cela fait 3 mois qu'on se "fréquente", mais ne nous emballons pas.

C'est un collègue que je connais depuis bien 4 ans et qui s'est fait largué par sa copine après 7 ans de relation. Soit à 25 ans, sa seule relation sérieuse. C'est lui qui est venu me chercher et j'ai pas dit non. J'lui ai toujours trouvé des yeux magnifiques et au boulot il avait la réputation d'homme parfait. (Pour le moment, j'ai aucune raison de démentir !) Mais ne nous emballons pas.

Justement du fait de sa récente rupture, au debut il a un peu paniqué ; Il préférait ne pas s'impliquer dans quelque chose de "sérieux".
Lui, c'est à dire que par sérieux il entend présentation aux parents, vie en commun et projet de mariage.
Moi, alors, fière (?) de ma grande expérience en matière de relations amoureuses, jlui ai expliqué par a+b qu'un début de relation c'est jamais "sérieux" dans ce sens là. D'abord, on apprend à se connaitre, on pose les fondations. Si elles sont bancales ça ne dure pas mais sinon, on peut envisager de construire du plus long terme. 

Bref, advienne que pourra :)


mercredi 23 mai 2012

Le Misanthrope ou l’Atrabilaire amoureux…


atrabilaire : (adj.) qui a rapport à l’atrabile, ou bile noire. Coléreux.

Parfois j’ai l’impression que la vie met sur mon chemin de petits indices tout pile au bon moment pour relancer mon chemin de réflexion.
Voila comment en accompagnant super-mamie aux Emmaüs pour sa rafle mensuelle de romans d’amour bons marchés, je suis ressortie, moi, avec Le Misanthrope de Molière (édition commentée par G. Gengembre chez Classiques Larousse ; je précise parce que je vais beaucoup citer ce gentil monsieur même s’il a un nom ridicule).
Avant ça je l’avoue, bien que connaissant la pièce de nom j’aurai été bien incapable d’en développer le propos. La misanthropie, par opposition à la philanthropie, consiste en la haine du genre humain.
Cette pièce de théâtre présente donc un héro du nom d’Alceste qui faisant partie du noble monde passe la pièce dans la souffrance de l’hypocrisie mondaine.
Eh bien je dois dire que je n’arrive pas à trouver cet homme « comique ». Pourtant c’est bien lui qui fait de la pièce une comédie. Je ne le trouve pas comique parce que je suis lui. Je ressens sa souffrance. C’est cette vision du monde que je ne peux plus supporter pendant mes « crises ». Reste à trouver une vidéo de la pièce pour voir si la gestuelle mais en relief le « comique » du texte….

L’acte I Scène 1 s’ouvre sur un tête-à-tête entre Alceste et Philinte. Alceste reproche ardemment à son ami d’avoir fait des ronds de jambes hypocrites à quelque marquis dont il ne se rappelait même pas le nom… Philinte bien que compréhensif s’évertue à montrer l’impasse sociale dans laquelle s’évertue Alceste. Tout au long de la pièce le héro se fait en effet traiter de diable ridicule par tous et doit sans cesse se justifier de ses colères… en poussant d’autres colères…
« Le ciel ne m’a point fait, en me donnant le jour,
Une âme compatible avec l’air de la cour.
Je ne me trouve point les vertus nécessaires
Pour y bien réussir et faire mes affaires.
Etre franc et sincère est mon plus grand talent,
Je ne sais point jouer les hommes en parlant. »      Alceste, Acte III Scène 5

Alceste un misanthrope ?
Selon l’explication de texte, de grands auteurs antiques ont déjà fait cas de misanthropes mais l’histoire garderait principalement Alceste en tête de liste. Cependant sa définition comme misanthrope est controversée. Rousseau, Diderot, Voltaire, et bien d’autres y sont tous allés de leurs commentaires. Je cite ici Jean Jacques Rousseau qui rejoint parfaitement ma pensée.
« Vous ne sauriez me nier deux choses : l’une, qu’Alceste, dans cette pièce, est un homme droit, sincère, estimable, un véritable homme de bien ; l’autre, que l’auteur lui donne un personnage ridicule. […] Qu’est-ce donc que le misanthrope de Molière ? Un homme de bien qui déteste les mœurs de son siècle et la méchanceté de ses contemporains ; qui, précisément parce qu’il aime ses semblables, hait en eux les maux qu’ils se font réciproquement et les vices dont ces maux sont l’ouvrage. S’il était moins touché des erreurs de l’humanité, moins indigné des iniquités qu’il voit, serait-il plus humain lui-même ? »      J.J. Rousseau, 1758.
Fabre d’Eglantine (1750-1794 ; un sombre inconnu pour moi) s’est amusé à écrire « Le Philinte de Molière ou la Suite du Misanthrope » dans laquelle Alceste devient un généreux tribun alors que Philinte est dénaturé, égoïste au cœur sec et aux vues étroites.
Le cœur d’Alceste y est définit comme suit :
« Qu’il regrette mon cœur, et se souvienne bien
Que tous les sentiments dont la noble alliance
Compose la vertu, l’honneur, la bienfaisance,
L’équité, la candeur, l’amour, et l’amitié,
N’existèrent jamais dans un cœur sans pitié. »      Alceste, Acte V Scène 3

Alceste et la tyrannie du nombre.
p. 168 Aimer les hommes, c’est vouloir les changer ; vouloir les changer, c’est aller à contre-courant ; aller à contre-courant, c’est ne pas les aimer. La singularité a des conséquences politiques (dans le sens social).
p. 12 La hiérarchisation, portée à son comble par l’absolutisme, implique des règles chargées de maintenir cet ordre et de distinguer ceux qui y adhèrent le plus complètement. Celui qui refuse le jeu des apparences, fondé sur l’hypocrisie et la dissimulation, est doublement coupable : il manifeste son incapacité à s’adapter aux exigences de la collectivité ; il remet en cause l’idéologie fondatrice. Dénonciateur, il doit être dénoncé. Renvoyant aux autres leur propre image, la dévalorisant, il se rend insupportable. On l’enferme dès lors dans sa marginalité, quitte à la baptiser maladie.
p. 195 Alceste renvoie aux autres la crue et intolérable image de leur propre égocentrisme. On met toujours à mort celui qui dévoile la nudité du roi.
p. 180 Tout s’oppose au vœu tyrannique d’Alceste. Tout et tous s’échappent. Les événements extérieurs, à l’instar d’autrui, manifestent la résistance du réel à la volonté déréglée d’Alceste. Autrui refuse de se plier à une exigence contre-nature : se faire autre qu’il n’est. Alceste se heurte constamment à la force des choses et des êtres.

Alceste et l’amour.
Dans la pièce Alceste est l’amant de la coquette Célimène. Un amour jugé improbable par le lecteur dès le début tant Célimène correspond en tout point à ce qu’Alceste déteste.
p. 193 L’ambiguïté réside dans la contradiction entre ce dictateur moral et la force de sa passion pour ce qui lui est le plus opposé. Son amour terrifie. Ce n’est pas Célimène qu’il aime, mais l’image qu’il s’en fait.
p. 182 L’amour d’Alceste pour Célimène est assuré d’occasionner la plus grande attraction, la plus grande douleur, la plus grande haine. Il retient provisoirement Alceste dans le monde et radicalise sa misanthropie à la fois.
p. 180 Les péripéties de la pièce amènent Alceste à ne voir en Célimène que l’exacte inversion de ce qu’il voulait qu’elle soit : se prépare alors le retournement attendu de l’amour exclusif en haine absolue. Sa création, doublement fantasmatique (la Célimène rêvée, la Célimène haïe), lui échappe forcément. Il reste seul avec sa détestation universelle.
p. 193 Ce n’est pas aveuglément que cette passion, car Alceste annonce très tôt l’inéluctable aboutissement. Il s’agit d’une projection sentimentale, d’une volonté tyrannique et d’une quête désespérée du bonheur.
p. 194 Il prétend exercer une domination exclusive sur l’autre. A moins qu’il ne veuille s’aimer lui-même dans un être qui lui devrait tout, et jusqu’à l’existence ?

L’être et le paraitre, une histoire de masque.
            p. 193 Plus qu’inapplicable, l’idéal d’Alceste contrevient aux conditions mêmes de la vie sociale.
p. 180 Le Misanthrope expose à la fois le fondement du pacte social et sa précarité. Chacun est jugé selon l’adéquation entre son moi et l’image qu’il en donne. « Etre » se résout en une action continue pour que coïncident la satisfaction personnelle et la reconnaissance approbatrice d’autrui.
                p. 194 Alceste ne s’installe pas dans la convention des masques, ou plutôt il identifie totalement son apparence avec son être, et révèle ainsi un être totalement irrécupérable selon les normes sociales.
                p. 198 Quelle est la sincérité de Philinte ? Apologie du compromis, conformité tranquille aux règles, participation discrète à la parade : le « philosophe » est un adepte résolu du masque. C’est lui qui le porte le mieux. Personnage lisse, sans passion, il apporte dans la comédie son honnête médiocrité, qui semble plus le caractériser que l’honnêteté entendue comme système de qualités et de vertus.

La fin d’un Alceste.
« Non, je tombe d’accord de tout ce qui vous plaît :
Tout marche par cabale et par pur intérêt ;
Ce n’est plus que la ruse aujourd’hui qui l’emporte,
Et les hommes devraient être faits d’autre sorte ;
Mais est-ce une raison que leur peu d’équité
Pour vouloir se tirer de leur société ? »      Philinte Acte V Scène 1

« Trahi de toutes parts, accablé d’injustices,
Je vais sortir d’un gouffre où triomphent les vices,
Et chercher sur la terre un endroit écarté
Où d’être un homme d’honneur on ait la liberté. »      Alceste Acte V Scène 4

Si l’ont en croit l’explication de texte, l’un des enjeux de la pièce pour le metteur en scène est de garder sur scène un héro qui ne pense qu’à fuir le monde au profit « d’un désert ».
Dans ce cas, il est entendu : le désert mondain à savoir, la campagne. A l’heure actuelle, où même la campagne ne signifie plus isolement, je pense que la fuite prendrait un tout autre sens pour Alceste (auto-destruction : d épendances, suicide…).

Pour finir…
Je suis née dans une famille de Philintes. Mon père et moi sommes des Alcestes…
Lisez Le misanthrope (qui n’en est pas un au final) et/ou en règle générale les écrits de Molière qui présentent une impressionnante intemporalité…
p. 11 Au moment de l’écriture du Misanthrope, Molière a 42 ans. Des cabales politico-religieuses se déchainent à son encontre. S’ajoutent à cela une brouille avec Racine, la mésentente conjugale, et la maladie. A la fin de 1665, Molière est un homme à bout : il devient « hypocondre » ou « atrabilaire ». Sans doute dirions-nous aujourd’hui « déprimé »…

samedi 12 mai 2012

T'as tout? 1/4

L'année dernière j'ai réalisé une envie que j'avais depuis longtemps : un tatouage.
J'ai mis plus de 5 ans avant de sauter le pas. Une si longue attente s'explique en partie parce que je n'avais juste pas réfléchi à certaines questions primordiales.
Où et Quoi? Par qui? Est ce que je suis allergique? Est ce que je cicatrise bien? Combien?

Pour un premier jme voyais pas commencer genre par un splendide dragon surgissant de mon dos en étendant ses ailes multicolores ! Mais d'abord, pourquoi cette envie de tatouage? Quel en serait sa signification?

Dans mon cas c'était bien plus que de "l'esthétisme".
Je pense que le tatouage, comme les vêtements que l'on porte, son maquillage, ses bijoux, et même les gens qu'on aime présente au monde une part de soi.

Ça serait donc une part de soi que l'on a envie d'afficher? Ok, mais pour qui? Certain vous diront : pour les autres ; "Je veux qu'on me trouve beau/belle, cool, original(e), décalé(e) etc...
Moi j'ai vu ça, ou plutôt, abordé ça comme un nota bene personnel. Tel Moufassa s'adressant à Simba : "N'oublie pas qui tu es." (http://www.youtube.com/watch?v=hVrExNumdqs&feature=related)

Tout est allé relativement vite ensuite. Entre la décision et l'acte il a dû se passer un peu plus d'un mois.

D'abord j'ai choisi l'endroit à tatoué. Est-ce qu'on le verra de suite? Est ce que cette zone sera toute fripée et affaissée quand je serais grand-mère?

Ensuite pour répondre à la question du dessin et du message je crois que mon inconscient à fini par parler.
J'ai d'abord fureté sur "google image" avec des mots clés. "Oreille" "Cou" "Fleur" "Hibiscus" "Lys" (puis la même chose en anglais).
Deux conclusions : 
- il existe des tatoueurs de talent exceptionnel (ex : "Russ Abbott", "Kim-Anh Nguyen-Dinh")
- et des tatoués complètement barrés (ex : "Out of order", "Pouah", "Chat", et je vous fais grâce des tatouages de chaudasses).
Notez que je ne juge pas. La personne qui choisi son tatouage ne le fait qu'en son âme et conscience et c'est lui/elle que ça regarde...
(Y a quand même une exception à la règle : j'ai vu un gus, jme la joue playboy, 20 ans max, dans le bus avec le symbole de Superman tatoué sur la pomme d'Adam... Et la j'avoue, je comprends toujours pas comment il a pu en arriver là mis à part une soirée de beuverie...)

Bref. Mon idée de guirlande de fleur faisant le tour de mon pavillon auriculaire n'a pas fait long feu.
1. J'ai trouvé que les fleurs choisies bien que très esthétiques à mes yeux n'avaient aucune "profondeur d'âme".
2. La première tatoueuse consultée des 2 artisans sélectionnés m'a de suite dit : 2a) qu'il était difficile de faire des détails à cet endroit là (points, étoiles, rien de plus) et 2b) que la peau relativement sèche ici, impliquera à coup sur un très mauvais vieillissement.

Rentrée un peu déçue je me suis remise en quête d'un symbole/message. J'ai dans mon salon des rideau de ma création sur lesquels j'ai peints des kanjis que j'ai ensuite "esthétisée" à ma sauce. Je défie un japonais d'arriver à décrypter les zigouigouis qui en résultent (mais à mes yeux c'est très beau pour des rideaux). A l'époque jme suis donc assez naturellement tournée vers un kanji symbolique et ce avec l'aide d'un super dictionnaire en ligne http://kanji.free.fr/.

Mon tatouage ne pouvait, par contre, pas consister uniquement en ça : manque de personnalisation aggravé !
Pourquoi cet engouement pour les symboles chinois ou japonais?
Une connaissance chinoise m'a dit un jour qu'elle avait vu dans le métro une fille avec un truc du genre "j'aime le pipi de poulet" tatoué sur son omoplate. La tatoueur a dû bien rigoler... 
Si je veux écrire : "aimer" par exemple, pourquoi le faire en une langue incompréhensible pour 99% de la population que je croise tous les jours? De même pourquoi y préfèrer "love"?
Le japon est un pays qui m'attire, (même depuis Fukushima). Je me pense incapable d'y vivre mais visiter ses contrées et appréhender sa culture est un de mes rêves pour quand je serai grande... (J'ai 28 ans, il va falloir commencer à en réaliser quelques uns de ces rêves...)

Qu'aime-je (hard à prononcer) d'autre au Japon (à part les sushiiiiiiiis, même si ca peut être très funky de se faire tatouer un sushi)? Les maneki-neko j'ai toujours trouvé ça mignon ! C'est un chat apportant la fortune trônant prés de toutes les caisses enregistreuses des magasins asiatiques. Le chat lève la patte pour inciter le client à dépenser plus (et donc le commerçant à récolter plus). Mais en fonction de sa couleur et de la patte levée il peut signifier bien d'autres choses...
(Je ne suis pas plus que ça intéressée par ma réussite financière, il ne fallait pas faire de recherche dans le cas contraire...)
Google image "maneki neko" a fini de me convaincre... 
Jsuis donc partie sur cette base : Maneki Neko 1 et Maneki Neko 2


Voilà comment j'ai débarqué chez mon second artisan avec mon tit dessin (décalqué-amélioré : je suis une piètre dessinatrice !), payé les arrhes, et pris rdv pour le WE suivant.

La douleur? Une grosse griffure de chat. Après, moi j'avais pas de "remplissage". Mais une fois le premier contact établit avec la douce aiguille bah faut juste prendre son mal en patience. Une fois qu'on sait ce qu'on veut, faut se donner les moyens d'y arriver non?
Cicatrisation en 1 semaine, pas d'allergies. 1 an plus tard je suis ravie !

Mon kanji signifie "vivre" (vivre, enfanter, mais aussi arranger les fleurs, les laisser s'épanouir... Qu'est ce que c'est poétique le japonnais ! Ça ça a été la goutte d'eau qui m'a fait définitivement aimé cette clé qui pour ne rien gâcher est très simple à réaliser !)
"Maneki (招き) vient du verbe maneku (招く) qui en japonais signifie inviter (dans le sens de faire venir) ou saluer, et neko (猫) désigne le chat. Il s'agit donc littéralement du « chat qui invite »." Dixit Wikipédia.

Même si c'est très dur de résumer mon symbolisme : 
"J'ai choisi d'inviter la chance à m'aider à vivre et faire épanouir les fleurs..."
J'avoue que c'est derniers temps avec tous les cauchemars liés à l'abandon de cette vie, il n'a pas été inutile de le contempler dans ma glace certains matins. C'est pour ça que je parle de nota bene personnel.

Voilà que ça fait 2 jours que je songe à m'en faire un deuxième.

Affaire à suivre...