samedi 31 mars 2012

Une semaine ouffissime *


*Ouffissime 1 f ou 2 ? Merci ma cousine pour m'avoir appris ce nouveau mot mais pas son orthographe...


Je vais vous raconter l’histoire d’un petit bout de la vie d’une fille qui vous fera avaler votre dernière semaine de déprim comme une délicieux petit dragibus rouge (mon préféré avec les noirs et les roses et les verts et les… enfin sauf les oranges… enfin ça dépend s’il reste qu’eux…).
Bref.

Il était une fois Joannie-Gertrude, charmante princesse de son état. Et comme il s’agit ici de ne traiter que d’une courte partie de sa vie nous ferons l’impasse sur le bon goût de ses parents en matière de prénom !).

En ce beau mois de Mars, Joannie-Gertrude a eu une semaine difficile. Dès le Lundi matin elle s’est réveillée avec un gros bouton sur le nez. Impossible à dissimuler. Un de ceux qu’en tant que gratouilleuse professionnelle elle aura du mal à ne pas toucher.
- « Si tu le gratte, tu auras une cicatrice ! » radotait sa bonne fée… 
Ce qui plongeait toujours Joannie-Gertrude dans une méditation philosophique : Etre une fille c’est nul ! « Te gratte pas, te ronge pas les ongles, souris, soit polie, il faut souffrir pour être belle, comment vas-tu te trouver un mari « gaupée » comme ça ??? » Et nia nia nia… Mais j’ai pas envie ! Je veux faire ce que je veux quand je veux et tant pis si j’ai l’air d’un garçon manqué asocial ! Ceux et celles ne qui seront pas capable de comprendre comment je fonctionne et qui je suis n’en valent pas la peine… Mais Joannie-Gertrude en grandissant avait bien compris qu’il fallait abandonner ses baskets trouées, ses jeans grunges, se mettre au maquillage quotidien (enfin sauf quand elle se terre chez elle), à l’éradication systématique de poils (uniquement quand elle a un mec et pour aller chez le medecin), enfin globalement avoir l’air une fille en toutes circonstances. Un joli masque de soit belle et tais-toi pour attirer les princes charmants. 
Sa loooongue expérience en matière de relation l’avait convaincu qu’une une fille trop cool et indépendante ne les intéressait pas (évidement elle est capable de faire sa fête au dragon toute seule). Mais jusqu’à récemment, elle n’avait jamais pris la peine de remettre son comportement en question. Ils sont maso ou quoi ??? Tous ses amis maqués avaient des prototypes de furies comme copine. Petite, mignonne, dont la conversation tourne sur leur dernier essai culinaire du dimanche ou à leur dernière acquisition de vernis à ongle assorti aux fringue « trop cooool » qu’elles ont dégottée chez h&m samedi dernier… Y a pas mieux à faire un samedi ??? Joannie-Gertrude avait été prête à remettre en question son apparence mais à aucun prix sa personnalité… Elle ferrait donc toujours les mauvais poissons ce qui explique sa loooongue expérience en matière de rupture. 

Lundi matin donc, abstraction mentale de la pustule et préparation en règle pour le taf. 10 min chrono. Joannie-Gertrude préfère dormir plutôt que se barbouiller de crème anti-rides. « A ton âge tu devrais sérieusement commencer à hydrater ta peau » répétait sa bonne fée depuis bien 5 ans maintenant. Dernière étape : chaussures. Talons, même si elle avait un programme de fou aujourd’hui et passerait sa journée à galoper à travers les étages. Le WE elle se permettait les vielles convers et un jean grunge, son petit plaisir (une fois, elle y était même allée sans soutif). Quand sa bonne fée apprit ça, après avoir échappé de peu à une syncope fatale, elle la traina dans les magasins pour remplacer ses habits de clocharde.
Trajet quotidien des plus routiniers. Bus bondé. Caddie de mamie qui lui roule sur les pieds. Contact physique imposé avec un ado boutonneux qui sentait déjà la transpi. On était vraiment comme ça en première année de fac ? Et le malheureux tentait toujours de le masquer une trop forte dose d’après rasage. T’as vraiment besoin de te raser toi ? Enfin, le mec en profitait toujours pour mater ses seins. Pourquoi les jeunes sont si grands de nos jours ?
Arrivée au taf. En retard comme d’hab, mise en place du masque de « souriance ». Joannie-Gertrude se fait discrète elle arrive par le couloir qui lui permet de s’engouffrer dans son antre en répondant à un minimum de « Salut ! Ca va ? » enjoués auxquels selon les jours elle répondait simplement « Et toi ? » ou par un simple sourire. Elle savait qu’elle ne pourrait pas y échapper mais il lui fallait le temps de rentrer dans le personnage de Joannie-Gertrude-la-sympa. Petit tour dans la pièce de manip en passant en revue le programme de la journée plutôt que d’attendre bêtement l’allumage de l’ancêtre qui lui sert d’ordi. Mails checked, 90% de pubs, parfois elle lit son horoscope pour contenter son côté cynique. Elle adore quand le Dimanche ont lui annonce une promotion ! Blouse sur le dos. Bon déjà que t’es en retard va te mettre à bosser. Joannie-Gertrude aime son boulot. Elle se dit aussi souvent qu’aimer un boulot aussi frustrant que la recherche mériterait une psychanalyse de longue durée. La recherche s’est savoir s’accommoder de déceptions quotidiennes pour une satisfaction trimestrielle, le tout sans aucune reconnaissance. Aujourd’hui et cette semaine elle savait devoir s’attendre à 100% de déception. Qu’est ce que je fous là ? Vivement ce soir, sport, manger, dodo !
 
Le mardi n’a été qu’une répétition du Lundi sauf qu’elle a gratouillé le bouton qui par conséquent a saigné et se vois encore plus. De retour du taf, à pied pour prendre l’air, elle se demande ce qu’elle aimerait bien manger… Joannie-Gertrude se considère épicurienne. J’ai envie, je fais et j’assume. C’est aussi valable pour la nourriture. Joannie-Gertrude ne psychote pas sur ses petits kilos en trop. Ils lui donnent cette poitrine généreuse dont elle est si fière. En plus manger c’est bon ! « Dis donc t’en forme toi ! » s’exclama sa bonne fée à Noël en tâtant son bras. Joannie-Gertrude décida d’ignorer royalement le sous-entendu « Merci c’est gentil ! » et se bâfra de saumon fumé, toasts de foie gras, chapon aux morilles… Arrosa le tout de champagne, Gewurztr, vin jaune et sortie de table fière d’elle, pour comater dans le canap’ un moment.
Epicurienne donc, quel serait son petit plaisir de ce soir… Elle allait passer devant un restaurant de WOK, de couscous, une ou deux pizzérias, et près de chez elle le supermarché lui offrirait de bons petits plats tout près… On peut envisager de faire un détour par le chinois… Non… Rien… Elle n’avait envie de rien… Ni gras, ni diététique, ni liquide, ni rien… 20h30, trop tard pour appeler poto n°2 le couche tôt et poto n°1 qui devait être à table avec ses parents. Comme souvent en ce moment, elle se surprit à être incapable de prendre une décision et avait envie de donner la direction de sa vie à autrui. Eux ils auraient ptet une bonne idée. Au final 22h30 devant sa télé elle s’était enfilée pas moins de 12 parts de pizzas. Ca faisait longtemps qu’elle n’avait pas craqué comme ça. Et même si l’envie manquait, une fois repue elle se sentait relativement sereine. 

Mercredi une sensation étrange, l’obsède pendant la journée, une lubie qui doit correspondre à ce qu’on appelle envie de femme enceinte. Elle veut fumer. Joannie-Gertrude déteste ça. C’était l’un des points les plus conflictuels avec sa bonne fée quand elle vivait sous son toit… enfin dans son aquarium. Fumer ? Moi ? Pouah ! Une taf par-ci par-là au lycée. Elle fumait des joints pendant sa période rebelle. Mais ça, ça a bon gout ! La dernière cigarette qu’elle ait touché (sobre) c’est 1h avant un exam de License. Ca n’avait rien changé à son stress, elle avait même l’impression que ça lui avait foutu en plus d’une haleine épouvantable, la nausée et une hypertension palpable. Mais là, elle avait, à un niveau jamais atteint jusqu’à présent, dans le ventre cette peur qui ne la quitte plus depuis quelques mois. La réponse était simple, une cigarette ou deux la ferait disparaitre… Après tout les gens qui fument n’ont pas l’air stressé… A l’arrêt de bus elle était en train de regretter de ne pas avoir taxé une clope à un collègue et l’idée d’aller acheter un paquet commençait à faire son chemin. Elle en était au choix de la marque (elle n’y connaissait vraiment rien), quand elle aperçut un collègue à l’arrêt. Un fumeur ! Un sourire, et pas feint celui là, se peignit sur son visage. Elle demanda sa clope le plus naturellement du monde et pour éviter toutes questions répondit :
- « Arf j’ai eu une journée de merde. Et toi, ça n’a pas l’air d’aller ? »
Règle n°1 de Joannie-Gertrude quand on ne veut pas parler de soi, il suffit d’orienter la conversation vers l’autre. Pas besoin d’être subtile, l’être humain est égocentrique. Il est tout à fait naturel pour Joannie-Gertrude se s’intéresser aux pets de travers de Mr X. Qui ne s’y intéresse pas ? Le pauvre, sa copine enceinte de leur premier lui casse les oreilles avec une liste de naissance chez Bébé 9 et de fait n’est pas passé le chercher au taf. Il n’aime pas le bus… Pendant ce temps là Joannie-Gertrude qui n’échappe pas à la règle de l’égocentrisme écoute d’une oreille distraite les complaintes de Mr X en tripotant sa clope. Allait-elle la fumer ? Elle allait d’abord prendre son vélo et pédaler jusqu’à plus soif, si en rentrant elle en voulait toujours, elle la fumerait. 21h30, de retour, sa lubie s’est transformée en une bonne bière fraiche affalée dans son canap’. Super balade, paysage magnifique, bonne dépense physique, ça remet les idées en place. Le hic, le même que souvent, personne avec qui le partager. Tant pis pour eux ! 

Jeudi, étrangement, la boule de stress se fait relativement calme. Ce soir, elle en rêvait depuis un moment elle rejoignait poto n°1 et poto n°2 dans un resto qu’ils adorent et le craquage serait de rigueur !!! Depuis Janvier, à chaque fois qu’elle voyait poto n°1 elle se disait qu’il fallait en profiter avant son départ pour la Suède. Initialement prévu pour le 1er Mars, nous étions presque début Avril et il n’avait toujours pas de date de départ fixée. Dans un sens ceci renforçait le stress de sa désertion comme une épée de Damoclès prête à tomber. Tous ceux qu’elle avait vu partir au cours de l’année dernière lui manquaient terriblement, surtout pendant la journée… Il y avait souvent aussi un arrière gout de trahison parce qu’ils sont parti en mode egocentriques tout occupés à planifier leur « exciting future ». Bref, n’y pensons plus… Depuis quelques mois, Joannie-Gertrude ne pensait plus à l’avenir. Elle avait décidé qu’elle n’en avait pas. Avant, son avenir c’était soutenir sa thèse. Il y a 4 mois c’était chose faite. Mais depuis l’insatisfaction régnait. Elle n’avait pas d’article en 1er auteur, elle ne méritait donc pas son titre. Elle s’acharnait à trimer pour terminer au moins l’un de ses 3 projets. Illusion ou réalité ? Quand elle se forçait à penser à l’avenir essentiellement pour chercher un post-doc, elle ne pouvait mettre de côté l’éloignement de poto n°2.

Bizarrement la nuit de Jeudi à Vendredi fut relativement calme. Pas de cauchemars, pas d’insomnies, pas de nausées, pas de mâchoire crispée au point d’avoir mal aux dents, enfin jusqu’à 6h du mat’… Après elle a tourné dans son lit jusqu’à entendre le réveil et pour une fois fut à l’heure au taf (parce qu’elle n’avait pas le choix) une grosse journée « souricide » l’attendait. 18 rates et 72 os à dissocier pour un n=3 qui devrait se passer sans soucis majeurs… Enfin tout est relatif. 9h, (fraiche et dispo ?) Joannie-Gertrude attend avec impatience sa collègue pour commencer cette méchante boucherie. (Amis anti-vivisection restez calmes, toutes les expériences menées par l’amoureuse de la nature que je suis sont totalement dans les limites éthiques !!!) 
9h30 : Sa collègue arrive telle une fleur. S’en suivent 3h de dur labeur récompensées par 10 min pour manger.
13h00 : L’après midi est tout aussi riche en émotions : -
- écrabouillage d’organes (là y a plus de souris hein !) pour récupérer les cellules (2h),
- les marquer (2 étapes : 2h30),
- se battre pour le cytomètre (30 min),
- perdre et du coup aller boire une bière en terrasse en attendant,
- en profiter pour psychanalyser un collègue qui a vécu un truc vraiment pas drôle récemment…
20h00 : Commencer l’analyse, le cytomètre n’est pas coopératif.
21h00 : Trainer sur facebook pendant qu’on essaye de déboucher cette saloperie de machine qui en plus fait un bruit d’enfer.
21h10 : Aimer la photo d’échographie de Mme Y.
21h30 : Commander un WOK, se lâcher, baver d’impatience…
22h10 : Pas de livreur. Se plaindre à qui veut le lire sur FB.
22h30 Appeler le resto. Comment ça le livreur est rentré chez lui parce qu’il n’a pas réussi à me joindre ???
22h45 : Hurlement primaire en constatant que la plus part des livraisons se terminent à 22h30. Pensée capitaliste : Peuvent pas bosser un vendredi soir les gens ??? Retour à la normal : Pouah on dirait mon frère ! Dernière chance : pizzéria 5 min avant la fermeture. Immigré exploité manifeste au tel. Comment on écrit Jeanne dans Jeanne d’Arc ? J.E.A.N.N.E. Il ne comprend pas… Silence. « Ne quittez pas. » Il demande à un collègue. « C’est bon, je vous écoute. » Mentalement Joannie-Gertrude fait le compte, elle a moins d’1€ en monnaie pour la machine à café, et elle la sent pas cette livraison de la dernière chance… Jvais être à la diet cette nuit… Despérance…
23h00 : 40 tubes sur 126. C’est quoi ce schmurtss qui sort de la buse du cytomètre ? A y regarder de plus près on dirait un tout petit poil de coton. C’est ptet ça qui bloque tout le monde depuis Janvier ? Argh j’arrive pas à l’enlever… Tiens ça se dévisse… « Standby ». Joannie-Gertrude de plus en plus persuadée que c’est cette merde qui l’expose à une nuit blanche souffle dans le bidule comme dans un ballon (elle n’a jamais réussi à gonfler de ballon). Une aiguille la sauverait, pas d’aiguille sous la main…
23h10 : Ayé ! Lavage intensif pendant l’écoute assidue du moindre bruit de mobylette dans la rue.
23h20 : YES le petit black à trouvé, il mérite son pourboire ! MANGER !
1h00 J+1 : Expédition toilettes dans les couloirs lugubres de la Fac…
1h10 J+1 : A priori pas de tueur en série...
4h30 J+1 : Crise cardiaque à cause du gardien.
5h00 J+1 : Expédition toilettes dans les couloirs lugubres de la Fac bis…
5h10 J+1 : A priori toujours pas de tueur en série...
8h00 J+1 : Dodo…