*Ouffissime 1 f ou 2 ? Merci ma cousine pour m'avoir appris ce nouveau mot mais pas son orthographe...
Je vais vous
raconter l’histoire d’un petit bout de la vie d’une fille qui vous fera avaler
votre dernière semaine de déprim comme une délicieux petit dragibus rouge (mon
préféré avec les noirs et les roses et les verts et les… enfin sauf les
oranges… enfin ça dépend s’il reste qu’eux…).
Bref.
Il était une
fois Joannie-Gertrude, charmante princesse de son état. Et comme il s’agit ici
de ne traiter que d’une courte partie de sa vie nous ferons l’impasse sur le bon
goût de ses parents en matière de prénom !).
En ce beau
mois de Mars, Joannie-Gertrude a eu une semaine difficile. Dès le Lundi matin
elle s’est réveillée avec un gros bouton sur le nez. Impossible à dissimuler. Un
de ceux qu’en tant que gratouilleuse professionnelle elle aura du mal à ne pas
toucher.
- « Si tu
le gratte, tu auras une cicatrice ! » radotait sa bonne fée…
Ce qui
plongeait toujours Joannie-Gertrude dans une méditation philosophique : Etre
une fille c’est nul ! « Te
gratte pas, te ronge pas les ongles, souris, soit polie, il faut souffrir pour
être belle, comment vas-tu te trouver un mari « gaupée » comme
ça ??? » Et nia nia nia… Mais j’ai pas envie ! Je veux faire ce
que je veux quand je veux et tant pis si j’ai l’air d’un garçon manqué
asocial ! Ceux et celles ne qui seront pas capable de comprendre comment
je fonctionne et qui je suis n’en valent pas la peine… Mais
Joannie-Gertrude en grandissant avait bien compris qu’il fallait abandonner ses
baskets trouées, ses jeans grunges, se mettre au maquillage quotidien (enfin
sauf quand elle se terre chez elle), à l’éradication systématique de poils (uniquement
quand elle a un mec et pour aller chez le medecin), enfin globalement avoir
l’air une fille en toutes circonstances. Un joli masque de soit belle et tais-toi
pour attirer les princes charmants.
Sa loooongue
expérience en matière de relation l’avait convaincu qu’une une fille trop cool
et indépendante ne les intéressait pas (évidement elle est capable de faire sa
fête au dragon toute seule). Mais jusqu’à récemment, elle n’avait jamais pris
la peine de remettre son comportement en question. Ils sont maso ou quoi ??? Tous ses amis maqués avaient des
prototypes de furies comme copine. Petite, mignonne, dont la conversation
tourne sur leur dernier essai culinaire du dimanche ou à leur dernière
acquisition de vernis à ongle assorti aux fringue « trop cooool »
qu’elles ont dégottée chez h&m samedi dernier… Y a pas mieux à faire un samedi ??? Joannie-Gertrude avait été
prête à remettre en question son apparence mais à aucun prix sa personnalité…
Elle ferrait donc toujours les mauvais poissons ce qui explique sa loooongue
expérience en matière de rupture.
Lundi matin
donc, abstraction mentale de la pustule et préparation en règle pour le taf. 10
min chrono. Joannie-Gertrude préfère dormir plutôt que se barbouiller de crème
anti-rides. « A ton âge tu devrais sérieusement commencer à hydrater ta
peau » répétait sa bonne fée depuis bien 5 ans maintenant. Dernière
étape : chaussures. Talons, même si elle avait un programme de fou
aujourd’hui et passerait sa journée à galoper à travers les étages. Le WE elle
se permettait les vielles convers et un jean grunge, son petit plaisir (une
fois, elle y était même allée sans soutif). Quand sa bonne fée apprit ça, après
avoir échappé de peu à une syncope fatale, elle la traina dans les magasins
pour remplacer ses habits de clocharde.
Trajet
quotidien des plus routiniers. Bus bondé. Caddie de mamie qui lui roule sur les
pieds. Contact physique imposé avec un ado boutonneux qui sentait déjà la
transpi. On était vraiment comme ça en
première année de fac ? Et le malheureux tentait toujours de le
masquer une trop forte dose d’après rasage. T’as
vraiment besoin de te raser toi ? Enfin, le mec en profitait toujours
pour mater ses seins. Pourquoi les jeunes
sont si grands de nos jours ?
Arrivée au
taf. En retard comme d’hab, mise en place du masque de « souriance ».
Joannie-Gertrude se fait discrète elle arrive par le couloir qui lui permet de
s’engouffrer dans son antre en répondant à un minimum de « Salut ! Ca
va ? » enjoués auxquels selon les jours elle répondait simplement
« Et toi ? » ou par un simple sourire. Elle savait qu’elle ne
pourrait pas y échapper mais il lui fallait le temps de rentrer dans le personnage
de Joannie-Gertrude-la-sympa. Petit tour dans la pièce de manip en passant en
revue le programme de la journée plutôt que d’attendre bêtement l’allumage de
l’ancêtre qui lui sert d’ordi. Mails checked, 90% de pubs, parfois elle lit son
horoscope pour contenter son côté cynique. Elle adore quand le Dimanche ont lui
annonce une promotion ! Blouse sur le dos. Bon déjà que t’es en retard va te mettre à bosser. Joannie-Gertrude
aime son boulot. Elle se dit aussi souvent qu’aimer un boulot aussi frustrant
que la recherche mériterait une psychanalyse de longue durée. La recherche
s’est savoir s’accommoder de déceptions quotidiennes pour une satisfaction
trimestrielle, le tout sans aucune reconnaissance. Aujourd’hui et cette semaine
elle savait devoir s’attendre à 100% de déception. Qu’est ce que je fous là ? Vivement ce soir, sport, manger, dodo !
Le mardi n’a
été qu’une répétition du Lundi sauf qu’elle a gratouillé le bouton qui par
conséquent a saigné et se vois encore plus. De retour du taf, à pied pour
prendre l’air, elle se demande ce qu’elle aimerait bien manger…
Joannie-Gertrude se considère épicurienne. J’ai
envie, je fais et j’assume. C’est aussi valable pour la nourriture.
Joannie-Gertrude ne psychote pas sur ses petits kilos en trop. Ils lui donnent
cette poitrine généreuse dont elle est si fière. En plus manger c’est
bon ! « Dis donc t’en forme toi ! » s’exclama sa bonne fée
à Noël en tâtant son bras. Joannie-Gertrude décida d’ignorer royalement le
sous-entendu « Merci c’est gentil ! » et se bâfra de saumon
fumé, toasts de foie gras, chapon aux morilles… Arrosa le tout de champagne, Gewurztr,
vin jaune et sortie de table fière d’elle, pour comater dans le canap’ un
moment.
Epicurienne
donc, quel serait son petit plaisir de ce soir… Elle allait passer devant un
restaurant de WOK, de couscous, une ou deux pizzérias, et près de chez elle le
supermarché lui offrirait de bons petits plats tout près… On peut envisager de faire un détour par le chinois… Non… Rien… Elle
n’avait envie de rien… Ni gras, ni diététique, ni liquide, ni rien… 20h30, trop
tard pour appeler poto n°2 le couche tôt et poto n°1 qui devait être à table
avec ses parents. Comme souvent en ce moment, elle se surprit à être incapable
de prendre une décision et avait envie de donner la direction de sa vie à
autrui. Eux ils auraient ptet une bonne idée. Au final 22h30 devant sa télé
elle s’était enfilée pas moins de 12 parts de pizzas. Ca faisait longtemps
qu’elle n’avait pas craqué comme ça. Et même si l’envie manquait, une fois
repue elle se sentait relativement sereine.
Mercredi une
sensation étrange, l’obsède pendant la journée, une lubie qui doit correspondre
à ce qu’on appelle envie de femme enceinte. Elle veut fumer. Joannie-Gertrude déteste
ça. C’était l’un des points les plus conflictuels avec sa bonne fée quand elle
vivait sous son toit… enfin dans son aquarium. Fumer ? Moi ? Pouah ! Une taf par-ci par-là au
lycée. Elle fumait des joints pendant sa période rebelle. Mais ça, ça a bon gout ! La dernière cigarette qu’elle ait
touché (sobre) c’est 1h avant un exam de License. Ca n’avait rien changé à son
stress, elle avait même l’impression que ça lui avait foutu en plus d’une
haleine épouvantable, la nausée et une hypertension palpable. Mais là, elle
avait, à un niveau jamais atteint jusqu’à présent, dans le ventre cette peur
qui ne la quitte plus depuis quelques mois. La réponse était simple, une
cigarette ou deux la ferait disparaitre… Après
tout les gens qui fument n’ont pas l’air stressé… A l’arrêt de bus elle
était en train de regretter de ne pas avoir taxé une clope à un collègue et
l’idée d’aller acheter un paquet commençait à faire son chemin. Elle en était
au choix de la marque (elle n’y connaissait vraiment rien), quand elle aperçut
un collègue à l’arrêt. Un fumeur ! Un sourire, et pas feint celui là, se
peignit sur son visage. Elle demanda sa clope le plus naturellement du monde et
pour éviter toutes questions répondit :
- « Arf
j’ai eu une journée de merde. Et toi, ça n’a pas l’air d’aller ? »
Règle n°1 de
Joannie-Gertrude quand on ne veut pas parler de soi, il suffit d’orienter la
conversation vers l’autre. Pas besoin d’être subtile, l’être humain est
égocentrique. Il est tout à fait naturel pour Joannie-Gertrude se s’intéresser
aux pets de travers de Mr X. Qui ne s’y intéresse pas ? Le pauvre, sa copine enceinte de leur
premier lui casse les oreilles avec une liste de naissance chez Bébé 9 et de
fait n’est pas passé le chercher au taf. Il n’aime pas le bus… Pendant ce
temps là Joannie-Gertrude qui n’échappe pas à la règle de l’égocentrisme écoute
d’une oreille distraite les complaintes de Mr X en tripotant sa clope.
Allait-elle la fumer ? Elle allait d’abord prendre son vélo et pédaler
jusqu’à plus soif, si en rentrant elle en voulait toujours, elle la fumerait.
21h30, de retour, sa lubie s’est transformée en une bonne bière fraiche affalée
dans son canap’. Super balade, paysage magnifique, bonne dépense physique, ça
remet les idées en place. Le hic, le même que souvent, personne avec qui le
partager. Tant pis pour eux !
Jeudi, étrangement,
la boule de stress se fait relativement calme. Ce soir, elle en rêvait depuis
un moment elle rejoignait poto n°1 et poto n°2 dans un resto qu’ils adorent et
le craquage serait de rigueur !!! Depuis Janvier, à chaque fois qu’elle
voyait poto n°1 elle se disait qu’il fallait en profiter avant son départ pour
la Suède. Initialement prévu pour le 1er Mars, nous étions presque
début Avril et il n’avait toujours pas de date de départ fixée. Dans un sens
ceci renforçait le stress de sa désertion comme une épée de Damoclès prête à
tomber. Tous ceux qu’elle avait vu partir au cours de l’année dernière lui
manquaient terriblement, surtout pendant la journée… Il y avait souvent aussi
un arrière gout de trahison parce qu’ils sont parti en mode egocentriques tout
occupés à planifier leur « exciting future ». Bref, n’y pensons plus…
Depuis quelques mois, Joannie-Gertrude ne pensait plus à l’avenir. Elle avait
décidé qu’elle n’en avait pas. Avant, son avenir c’était soutenir sa thèse. Il
y a 4 mois c’était chose faite. Mais depuis l’insatisfaction régnait. Elle
n’avait pas d’article en 1er auteur, elle ne méritait donc pas son
titre. Elle s’acharnait à trimer pour terminer au moins l’un de ses 3 projets.
Illusion ou réalité ? Quand elle se forçait à penser à l’avenir
essentiellement pour chercher un post-doc, elle ne pouvait mettre de côté l’éloignement
de poto n°2.
Bizarrement la
nuit de Jeudi à Vendredi fut relativement calme. Pas de cauchemars, pas
d’insomnies, pas de nausées, pas de mâchoire crispée au point d’avoir mal aux
dents, enfin jusqu’à 6h du mat’… Après elle a tourné dans son lit jusqu’à
entendre le réveil et pour une fois fut à l’heure au taf (parce qu’elle n’avait
pas le choix) une grosse journée « souricide » l’attendait. 18 rates
et 72 os à dissocier pour un n=3 qui devrait se passer sans soucis majeurs…
Enfin tout est relatif. 9h, (fraiche et dispo ?) Joannie-Gertrude attend
avec impatience sa collègue pour commencer cette méchante boucherie. (Amis anti-vivisection
restez calmes, toutes les expériences menées par l’amoureuse de la nature que je suis
sont totalement dans les limites éthiques !!!)
9h30 : Sa collègue arrive
telle une fleur. S’en suivent 3h de dur labeur récompensées par 10 min pour
manger.
13h00 : L’après midi
est tout aussi riche en émotions : -
- écrabouillage
d’organes (là y a plus de souris hein !) pour récupérer les cellules (2h),
- les marquer
(2 étapes : 2h30),
- se battre
pour le cytomètre (30 min),
- perdre et du
coup aller boire une bière en terrasse en attendant,
- en profiter
pour psychanalyser un collègue qui a vécu un truc vraiment pas drôle récemment…
20h00 : Commencer l’analyse, le cytomètre n’est pas coopératif.
21h00 : Trainer
sur facebook pendant qu’on essaye de déboucher cette saloperie de machine qui
en plus fait un bruit d’enfer.
21h10 : Aimer
la photo d’échographie de Mme Y.
21h30 :
Commander un WOK, se lâcher, baver d’impatience…
22h10 : Pas de livreur. Se plaindre à qui veut le lire sur FB.
22h30 Appeler
le resto. Comment ça le livreur est rentré chez lui parce qu’il n’a pas réussi
à me joindre ???
22h45 : Hurlement primaire en constatant que la plus part des livraisons se terminent à
22h30. Pensée capitaliste : Peuvent
pas bosser un vendredi soir les gens ??? Retour à la normal : Pouah on dirait mon frère ! Dernière
chance : pizzéria 5 min avant la fermeture. Immigré exploité manifeste au
tel. Comment on écrit Jeanne dans Jeanne
d’Arc ? J.E.A.N.N.E. Il ne comprend pas… Silence. « Ne quittez
pas. » Il demande à un collègue. « C’est bon, je vous écoute. »
Mentalement Joannie-Gertrude fait le compte, elle a moins d’1€ en monnaie pour
la machine à café, et elle la sent pas cette livraison de la dernière chance… Jvais être à la diet cette nuit…
Despérance…
23h00 :
40 tubes sur 126. C’est quoi ce schmurtss
qui sort de la buse du cytomètre ? A y regarder de plus près on dirait
un tout petit poil de coton. C’est ptet
ça qui bloque tout le monde depuis Janvier ? Argh j’arrive pas à
l’enlever… Tiens ça se dévisse… « Standby ». Joannie-Gertrude de
plus en plus persuadée que c’est cette merde qui l’expose à une nuit blanche
souffle dans le bidule comme dans un ballon (elle n’a jamais réussi à gonfler
de ballon). Une aiguille la sauverait, pas d’aiguille sous la main…
23h10 :
Ayé ! Lavage intensif pendant l’écoute assidue du moindre bruit de
mobylette dans la rue.
23h20 :
YES le petit black à trouvé, il mérite son pourboire ! MANGER !
1h00 J+1 :
Expédition toilettes dans les couloirs lugubres de la Fac…
1h10 J+1 : A priori pas de tueur en série...
4h30 J+1 :
Crise cardiaque à cause du gardien.
5h00 J+1 :
Expédition toilettes dans les couloirs lugubres de la Fac bis…
5h10 J+1 : A priori toujours pas de tueur en série...
8h00 J+1 :
Dodo…